Il y dix ans, Carol, la femme de Patrick, qui est esthéticienne, a remarqué quelque chose d’étrange dans le dos de Patrick. Elle a insisté pour qu’il consulte un dermatologue. Après l’avoir examiné, le dermatologue a immédiatement enlevé le grain de beauté suspect aux fins de biopsie. Patrick n’était pas inquiet; il était jeune, il se sentait bien et il était en bonne santé. La semaine suivante, tout a changé quand on lui a annoncé qu’il s’agissait en fait d’un mélanome. Patrick a subi deux chirurgies dans le dos et bon nombre de ses ganglions lymphatiques, atteints de cancer, ont dû être enlevés.
À son premier rendez-vous chez l’oncologue, Patrick a appris que ses chances n’étaient pas très bonnes. En fait, il a reçu un diagnostic de mélanome malin de stade IV. Le médecin lui a dit qu’il y avait une possibilité de traitement pour ce type de cancer, mais que ça ne valait pas le coup et qu’il ferait mieux de passer le temps qu’il lui restait avec sa famille et de mettre de l’ordre dans ses affaires. Patrick était anéanti. Il ne se souvient plus du trajet de retour à la maison. Le choc et l’incrédulité étaient insurmontables. « C’était comme si le médecin avait éteint la lumière au bout du tunnel avant même que je ne sois arrivé au tunnel. »
Lorsque Patrick est rentré chez lui ce soir-là, il avait le cœur gros. Plus il y réfléchissait, plus il se rendait compte qu’il était incapable d’abandonner et de donner ainsi un mauvais exemple à son beau-fils de 14 ans. Non. Patrick était déterminé à prendre son courage à deux mains et à lutter.
Il avait 41 ans et avait encore beaucoup trop de choses à faire. Le lendemain, il est retourné à l’hôpital, a demandé un traitement et a commencé à chercher un nouvel oncologue.
Patrick s’est rendu à trois centres anticancéreux aux États-Unis. Tous l’ont dirigé vers le même oncologue, le Dr Gerry Batist. Le hasard faisant bien les choses, ce médecin pratiquait à l’Hôpital général juif de Montréal, la ville natale de Patrick. Ils se sont rencontrés et se sont entendus sur un plan d’attaque.
L’année qui a suivi a été difficile. Patrick a entrepris un cheminement à dose maximale d’interféron qui a entraîné une perte de poids de 30 kilos, 164 injections, trois opérations, une fièvre continue d’au moins 103 oF et une sensibilité permanente à la lumière et au son. Patrick était reconnaissant envers sa famille et ses amis qui l’accompagnaient à toutes les séances de traitement de son cancer. Leur appui l’a soutenu. Au cours d’une de ces séances, Patrick et son meilleur ami ont décidé qu’ils allaient célébrer une fois les traitements terminés.
Heureusement, un an après le début du traitement, la vie de Patrick commençait à revenir lentement à une nouvelle normalité. Il est retourné au travail et a recommencé à jouir de la vie. En 2007, son meilleur ami lui a rappelé leur promesse de célébrer le succès de son traitement et, ensemble, ils ont commencé à mettre leurs plans en application.
En juillet 2008, Patrick et son meilleur ami (de concert avec son équipe de soutien qui comprenait son beau-fils) ont entrepris l’importante aventure de traverser le Canada en vélo. Ils ont parcouru 6 200 km, soit la distance entre Vancouver et Halifax. Cette aventure a duré 42 jours et leur a permis de recueillir 125 000 $. Fort de cette expérience, Patrick a mis sur pied la fondation PÉDALEZ AVEC COURAGE (PAC). Depuis sa création, la PAC fait partie intégrante du succès de nombreux événements cyclistes pour levées de fonds qui ont eu lieu à Montréal, à Toronto et à Vancouver. En fait, PAC a organisé de nombreuses collectes de fonds qui lui ont permis d’amasser bien au-dessus d’un million de dollars pour la recherche et les mesures de soutien liées au cancer. La PAC a aussi élargi sa portée avec la création de LIVING WITH CANCER, un nouvel outil en ligne interactif qui sera disponible sous peu.
Dix ans après son premier diagnostic, Patrick est en bonne santé et il demeure engagé à aider les autres dans leur lutte contre le cancer. Il fait des présentations à des événements aux quatre coins du Canada de même qu’aux États-Unis, et il continue d’amasser des fonds dans l’espoir de faciliter un peu la vie de ceux qui luttent contre le cancer. Bien que cette expérience ait été terrifiante, le temps lui a permis de prendre du recul et de réaliser que son diagnostic l’a aidé à prendre sa vie en main et à vivre pleinement. Il envisage avec optimisme l’avenir avec sa famille et ses amis et pense bientôt prendre sa retraite. Quand on lui demande ce que l’avenir lui réserve, il répond : « Plus de cancer… c’est décidé! »