Lorsque j’étais jeune, je recevais toujours des compliments au sujet de mes cheveux roux, de mes yeux bleus et de mes taches de rousseur. Je ne me trouvais pas très jolie et j’avais plutôt l’impression d’avoir un lien de parenté avec l’héroïne canadienne Anne de la maison aux pignons verts. Avec le temps, j’ai compris que ces traits me distinguaient et j’ai commencé à apprécier mes différences. Malheureusement, ces caractéristiques sont aussi des facteurs de risque pour le mélanome.
À l’âge adulte, un grain de beauté est apparu à la base de mon cou et j’ai remarqué qu’il changeait. Comme je savais qu’il n’est pas inhabituel de voir de nouveaux grains de beauté apparaître dans la trentaine et après des grossesses, je n’y ai pas accordé beaucoup d’importance. Mon intuition me disait pourtant que ce grain de beauté avait quelque chose d’anormal. Mère de deux enfants sur le marché du travail, je remettais toujours à plus tard une visite chez le médecin. Un jour, alors que j’étais chez notre médecin de famille avec mon fils de 18 mois qui devait se faire vacciner, j’ai demandé au médecin de jeter un cou d’œil à mon cou, et, heureusement, il l’a fait. Quelques jours plus tard, je me suis rendue chez le dermatologue pour subir une biopsie et j’ai appris que mon grain de beauté « de la trentaine » était en fait un mélanome.
J’ai reçu un diagnostic de mélanome au stade 1B qui, heureusement, est une étape précoce. Mon indice mitotique était cependant plus élevé, ce qui indiquait que je devais faire vérifier mes ganglions lymphatiques. À la suite de rendez-vous avec plusieurs médecins et de quelques tests additionnels, j’ai subi une opération pour enlever la peau située autour du site, de même que des prélèvements de mes ganglions lymphatiques. Le 21 juin 2013, j’ai eu droit à de très bonnes nouvelles; mes ganglions lymphatiques n’étaient pas atteints.
Je pensais que mon expérience avec le mélanome allait prendre fin après cet épisode, mais j’avais tort. Le mélanome fera partie de ma vie jusqu’à la fin de mes jours. L’expérience du cancer m’a profondément changée, mais je crois que c’est pour le mieux.
Le mélanome a eu des répercussions sur ma carrière. Je suis infirmière autorisée et cette maladie m’a permis de voir le système de soins de santé d’un point de vue différent. J’ai eu l’occasion de me mettre à la place du patient et cela m’a encouragée et motivée à continuer d’offrir des soins exemplaires aux autres.
Le mélanome est parfois appelé le cancer des jeunes et je me considère privilégiée, non pas d’avoir été atteinte d’un cancer dans la trentaine, mais d’avoir eu l’occasion de réévaluer ma vie à un si jeune âge. J’ai vite pris conscience de la valeur de la famille, de l’importance du moment présent et des simples plaisirs de la vie. Pour moi, ces petits plaisirs consistent à regarder mes enfants grandir et à passer du temps avec ma famille et mes amis.
À titre d’infirmière, je sais que l’éducation est la clé de la prévention, et l’expérience personnelle est sans aucun doute la meilleure façon d’éduquer les gens. C’est justement à cause de mon vécu que bon nombre de mes amis et des membres de ma famille ont commencé à utiliser de l’écran solaire régulièrement et à vérifier leur peau et leurs grains de beauté.
En fait, au mois d’août, ma mère a appris qu’elle avait un mélanome sur le bras. Par bonheur, il s’agissait d’un mélanome in situ découvert à une étape très précoce. En y réfléchissant positivement, je sais que mon expérience a encouragé ma mère à faire vérifier sa peau et a permis de détecter son mélanome à une étape précoce.
Je sais que je poursuivrai toute ma vie ma lutte contre le mélanome et que cette lutte sera jonchée de vérifications mensuelles de la peau et des ganglions lymphatiques, de suivis avec le médecin et de la peur de l’inconnu. La possibilité de découvrir un autre mélanome me fait peur, mais j’ai décidé que je ne peux pas vivre dans la peur. Je me considère chanceuse d’avoir les connaissances voulues en matière de prévention, de même que le soutien de mes proches pour m’aider à composer avec la situation et à persévérer.